On a déjà lu et entendu tout et son contraire sur les compléments alimentaires. Seul souci: les études dites scientifiques que l'on trouve sur Internet et dans certains magazines étrangers sont commanditées par les fabricants de ces mêmes produits. "Ceux qui vantent les pseudo qualités d'un produit sont ceux qui s'enrichissent grâce à leur commercialisation, remarque le Or Martine Prévost. Quelle est la valeur de ces publicités? L'intérêt des fabricants est de s'enrichir et non d'améliorer l'état de santé, et encore moins d'améliorer les performances de leurs clients. " Alors, ne prenez surtout pas ces informations pour argent comptant. " Les compléments nutritionnels sont les fruits et les légumes car ils apportent des vitamines, des sels minéraux et des oligo-éléments à l'organisme", ajoute Martine Prévost. Le journal officiel du 12 avril 1996 propose une définition plus juridique: "les compléments alimentaires sont les produits destinés à être ingérés en complément de l'alimentation courante, afin de pallier l'insuffisance réelle ou supposée des apports journaliers." La famille des compléments alimentaires recouvre les vitamines; les sels minéraux; les plantes riches en nutriments comme les céréales, les

algues et les champignons; plusieurs acides aminés et certaines hormones. " On parle de supplémentation nutritionnelle quand l'apport de compléments alimentaires est supérieur à l'apport nutritionnel conseillé, l'ANC, note Martine Prévost. Or, il existe des études scientifiques très précises sur les ANC. A partir de là, deux questions se posent. Primo, les suppléments nutritionnels sont-ils utiles aux sportifs? Secundo, certains produits en vente sur Internet sont ils frelatés avec des substances interdites comme la nandrolone ? "

En décembre 2000, un rapport de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) a délimité le problème. " Dans l'état actuel des connaissances, commence le rapport, il n'est pas démontré de besoin accru en micro-nutriments proportionnel à la dépense énergétique. " Traduction: même pour les sportifs, les besoins en compléments sont couverts par une alimentation équilibrée et variée. Mais il y a des exceptions. "Les régimes ne comportant que des pâtes ou certains régimes pauvres en calories, ou bien encore les régimes végétariens, peuvent entraîner des débuts de carences en -sitent donc une complémentation pour atteindre les ANC." Idem pour certains athlètes dont les besoins en ANC sont supérieurs à la normale. " Par ailleurs, les pertes en sueur étant compensées naturellement, un apport nutritionnel au-delà des ANC n'a pas d'effets bénéfiques sur la santé et les performances, précise Martine Prévost. Avant d'avaler n'importe quoi, il est impératif de faire un bilan chez un médecin du sport, un médecin nutritionniste ou un diététicien. Certaines plantes comme la cola, le guarana ou le ma huang, qui n'améliorent pas la performance, peuvent, en revanche, positiver des contrôles antidopage. Et les apports d'une seule vitamine, comme la vitamine C, sont à proscrire car ils entraînent des déséquilibres... d'où un risque contraire à l'effet bénéfique supposé." Les études actuelles sont formelles: l'alternative au dopage, c'est la nutrition équilibrée, variée et diversifiée et non la supplémentation sauvage.

Le récent contrôle positif de Christophe Cheval le laisserait penser. Des études menées sur une grande quantité de suppléments nutritionnels -dont certaines marques de créatine par le professeur Don Catlin, directeur du laboratoire

antidopage américain de UCLA à Los Angeles, accréditeraient cette thèse. Pour rendre leurs marques de créatine plus efficaces, certains fabricants américains n'hésitent pas à introduire des stéroïdes anabolisants dans leurs pots. Mais aux Etats-Unis, les suppléments ne sont pas visées par le contrôle de la Food and Drug Administration (FDA) et sont vendus sans contrôle pharmacologique. Conséquence: l'étiquetage laisse souvent à désirer. " Non seulement les dosages des produits peuvent être faux mais l'affichage en clair des substances du type nandrolone ou amphétamines est volontairement oublié, note Martine Prévost. D'où la duperie dont certains ont été victimes... " A l'étranger, la réglementation sur les compléments alimentaires est beaucoup plus lâche qu'en France. Dans l'Hexagone, la mise sur le marché des compléments alimentaires est en effet subordonnée à l'obtention d'un avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF). Un conseil : éviter d'acheter des produits fabriqués hors de France et renseignez-vous précisément sur l'entreprise qui les commercialise. Enfin, en cas de doute, faîtes les analyser dans un laboratoire toxicologique hospitalier... pour éviter d'absorber de la nandrolone " à l'insu de votre plein gré. "

ATHLÉ magazine

Document distribué le 22/10/2001 en EEO.