24/04/2001

Interactions Sociales

CM 8-9

Les phénomènes de Compétition Sportive

  1. Définitions de la Compétition

Deutsch (1950) : Elle renvoie la compétition à des contextes sociaux d’interactions entre individus, elle propose d’assimiler la notion de compétition à un principal fondamental de récompenses inégales. Elle annonce que les récompenses attribuées à un sujet sont fonction des pertes qu’un opposant aura occasionné. On suppose que les conduites adoptées par un sujet ne sont conditionnées que par cette situation de récompenses.

Myers (1961) :

Sa définition s’appuie sur La Comparaison Sociale énoncée par Festinger en 1954

Comparaison Sociale : Elle postule qu’il existe, chez tous les sujets, une motivation à évaluer ses opinions et ses habiletés lorsque l’individu est engagé dans une situation compétitive. Il y a un besoin de se comparer.

" La compétition implique l’existence de deux ou plusieurs performances qui sont comparées à un critère donné "

Il en découle que seules les performances qui ont affaire avec les performances d’un autre sujet sont de nature compétitive.

" Un individu qui compare ses performances d’un moment avec ses propres expériences antérieures ou avec un standard objectif n’est pas en situation de compétition. Il ne peut pas rentrer en compétition avec lui-même ou contre le temps simplement parce que cette situation n’est pas de nature sociale. En conséquence, seules les comparaisons à autrui peuvent provoquer un état de compétition. Il ne peut pas y avoir de compétition s’il n’y a pas d’interactions directes avec un autre sujet. "

Marters (1975) : " La compétition est un processus dans lequel la comparaison de la performance d’un sujet est effectuée en fonction d’un standard, en présence d’un autre sujet comme une condition minimale, ce sujet étant concerné par le critère de comparaison et peut évaluer ce processus de comparaison "

Ces définitions ne parlent que par individus, la comparaison sociale dépasse l’individu seul.

Scheriff (1975) : " La compétition correspond à des activités plus ou moins conformes dirigées vers une référence ou vers l’atteinte d’un but dans lesquelles la performance d’un individu ou de son groupe est comparée et évaluée relativement en fonction des performances d’autres ou de groupe spécifique. "

Pour compétition sportive il faut une interaction physique et/ou symbolique entre les sujets. Il faut qu ‘il y ait un standard à partir duquel les sportifs s’évaluent et se comparent les uns aux autres. Il faut que ce standard soit géré par une institution qui a pour mission de classer les sportifs en catégorie issue des résultats sportifs.

  1. L’agression et la compétition

Agression : C’est un acte destiné à blesser un autre organisme. Certain auteurs disent que c’est une intention de blesser ou porter préjudice à autrui.

Il faut 3 critères pour une agression :

 

Les conduites de compétitions sont des comportements agressifs autorisés par le règlement (codifiés). Les compétitions renvoient donc à l’institution, car celle-ci créé et gère le règlement.

  1. L’analyse de la compétition à travers l’intra-individuel

Objectif :  La signification de la compétition pour un individu

  1. Les motivations compétitives

Une motivation : (Nuttin, Théorie de la Motivation Humaine, PUF), " La motivation, au sens général, est l’aspect dynamique et directionnel du comportement "

Toutes les théories suivantes s’appliquent aux aspects dynamiques des motivations. Avec quelle quantité d’investissement le sujet va-t-il s’engager dans une activité ?

La motivation d’accomplissement

Mc Clelland (1953) a posé les bases de la théorie.

Atkinson (1954) a construit le modèle scientifique de la motivation d’accomplissement.

Les présupposés

Mc Clelland annonce qu’il existe chez tout individu une tendance à bien faire, à rechercher l’efficacité dans les interactions avec l’environnement. Ainsi qu’une aspiration à atteindre dans une compétition un but conforme à des normes d’excellence.

Les normes d’excellence sont définis en 3 standard :

Lorsque quelqu’un recherche l’efficacité, l’étude se complexifie lorsque les standards sont différents et peuvent se combiner.

Atkinson et le Modèle Scientifique

On s’intéresse aux aspects quantitatifs, il faut donc mesurer l’énergie de motivation. Atkinson propose un modèle de quantification du degré d’accomplissement.

La motivation d’accomplissement sera fonction de deux tendances

Le succès prend plus d’importance que l’échec

TS > TF L’accomplissement est supérieur.

TF est une fonction multiplicative de 3 variables :

Alors : TS = MS ´ PS ´ IS

MS, on ne peut pas intervenir sur cette variable

PS+IS, ces variables varient selon la situation

TS= MS´ 100%´ 0% Si P=100 alors I=0 Cela correspond à : " Je ne fais pas cet exercice car je suis sur de réussir "

La tendance à accéder au succès sera faible

Ts=MS´ 0%´ 100% Si P=0 alors I=100 cela correspond à une tâche impossible.

La tendance d’accéder au succès est faible.

TS=MS´ 50%´ 50%

Le sujet s’engage car il a 1chance sur 2 de réussir

La théorie d’Atkinson explique qu’un sujet s’engagera dans une activité en fonction de ses perceptions d’échec et de réussite. L’engagement du sujet sera d’autant plus fortement stimulé que les tâches que nous proposons présenteront une réussite du sujet aux alentours de 50%.

TE +

TE -

TR +

Motivations Conflictuelles

Motivations Positives

TR -

Anxiété Dominante

Indifférence

Critique de la théorie d’Atkinson

Le modèle de l’accomplissement ne traite que des conditions situationnelles de la performance, de la réussite. Toutes les expériences, d’après cette théorie, n’ont jamais questionné le sujet sur ces perceptions de réussite. Les perceptions de succès étaient manipulées que par des conditions objectives de la situation.

Buts motivationnels

La notion de buts renvoie à l’intérêt que l’on porte à la réussite, un but est personnel, elle renvoie à la construction psychologique développée par le sujet pour réussir.

On s’intéresse à ce que pense le sujet.

Nicholls (1984)

Ce n’est plus le résultat objectif qui est considéré comme le moteur des comportements mais c’est l’effet de ce résultat sur le sentiment de compétence de l’individu.

Nicholls dit que les individus ont une forte motivation d’accomplissement pour démontrer un niveau d’habileté très élevée. Cependant, il suggère que cette habileté (ou compétence) ne peut être définie avec deux orientations différentes associés à des buts distincts. Il y aurai des sujets qui sont orientés vers la tâche et qui cherche à démontrer des compétences inférées à une maîtrise de la tâche et à des standards auto-référencés. Les sujets se jugent compétents lorsqu’ils ont démontré une amélioration de leurs habiletés en se concentrant essentiellement sur la tâche.

Il y aurait d’autres sujets qui seraient orientés vers le "moi" en cherchant à démontrer des habiletés qui sont référées socialement. Ces individus ont tendance à évaluer leur compétence en se référant aux compétences des autres. Une performance supérieure à celle de l’adversaire démontre une plus grande compétence. Le standard utilisé dans cette orientation est un standard normo-référencé.

Dans la théorie de Nicholls, les orientations vis-à-vis de la tâche et du "moi" renvoient au jugement de compétence mais diffèrent dans les standards utilisés à cet effet.

L’orientation envers la tâche mobilise un standard personnel alors que l’orientation vers le " moi " mobilise un standard social. Des dénominations convergentes assimilent ces orientations comme étant respectivement des buts de maîtrise et des buts de compétition.

Les sujets déterminent des compétences à partir de leurs résultats.

Comparaison des deux théories

T= M x P x I

 

 

 

 

Les Conséquences

A l’aide de ces théories, les sportifs impliqués de longue date dans une activité se donnent des buts motivationnels se rapportant à la fois à la maîtrise et à la compétition alors que les sportifs qui abandonnent rapidement leur activité ont des buts exclusifs de comparaison sociale.

L’orientation vers un but de compétition semble devenir de plus en plus prononcé lorsqu’on évalue à des niveaux de compétition de plus en plus élevés. De là se traduit des Feedbacks qui portent exclusivement sur le résultat de l’individu et non plus sur les habiletés personnelles de l’individu. Dans la mesure où les activités sportives compétitives induisent essentiellement des buts motivationnels de compétition. Le rôle de la comparaison sociale pour mettre l’accent sur la maîtrise psychologue de l’activité.

Les buts motivationnels de maîtrise permettent ainsi de maintenir une motivation à un niveau élevé tout simplement parce que les sujets se focalisent d’avantage, sur les effets et sur les progrès. De ce fait, les conditions d’implication d’un but de maîtrise sont optimalement motivantes que les sujets aient des capacités faibles ou fortes. A l’opposé, les situations d’implication d’un but de compétition induisent des comportements de résignation si le sportif perçoit ses capacités comme limitées.

Cependant, comme on ne peut pas toujours éliminer la comparaison sociale des activités sportives, il semble pertinent d’utiliser les informations qu’une compétition fournie afin d’amener les sujets à se questionner sur les modalités d’apprentissage et de maîtrise personnelle. Dès l’instant où le sportif se pose des questions sur sa compétence, il est préférable de l’inciter à modifier ses apprentissages plutôt que de mettre l’accent sur des comparaisons normatives.

Motivations intrinsèques et extrinsèques

Un sujet est considéré comme motivé intrinsèquement chaque fois qu’il réalise une tâche ou une activité en l’absence de renforcement externe ou en l’absence de l’attente d’une récompense particulière. Une motivation extrinsèque est une tâche réalisée en présence d’un renforçateur externe.

Un sujet se percevant comme intrinsèquement motivé va concevoir son engagement comme étant une fin en soi et donc attribuable à des causes internes. En revanche, si le sujet se perçoit comme motivé, sa pratique devient instrumentale et revêt, à ses yeux, un statut de moyen pour parvenir à des objectifs qui sont posés comme étant extérieurs à cette pratique.

Un sujet se sentira d’autant plus motivé qu’il réussira à percevoir qu’il percevra des Causalités internes à son comportement. Pour qu’un sujet s’engage, il faut qu’il est la perception d’un libre choix, donc d’une autonomie, donc d’une démarche volontaire.

Selon DESSI, il y a un effet négatif des " récompenses " (renforcement externe) sur la motivation intrinsèque, qui est dû à une instrumentalisation de l’activité, c’est à dire à un transfert de la détermination du comportement.

Le fait de recevoir une récompense pour réaliser une activité qui est motivante en soi, revient à poser cette activité comme étant surdéterminée et dépendante en même temps de l’intérêt que le sujet va porter à la tâche (causalité interne) et de la récompense qui est elle-même une cause externe. Il y a alors apparition de deux causalités, il y a surdétermination du comportement. Dans ce cas, se produit une dissociation des deux causalités et le comportement va être perçu comme étant sur-motivé. Les sujets jugent alors la raison interne moins prégnante que la raison externe, ils vont séparer les deux causalités et ils ne vont agir en dernier lieu qu’en fonction de la causalité externe.

Comment fait-on pour conserver une motivation intrinsèque d’autant que le milieu sportif est saturé par les motivations externes (performance, barème) ?

Un sportif se percevant comme étant motivé intrinsèquement va concevoir son engagement dans sa discipline comme étant une fin en soi et donc attribuable à des causes internes. En revanche, un sujet qui se perçoit comme étant motivé extrinsèquement (pratique instrumentale) va percevoir la causalité de son comportement comme étant extérieure à lui-même.

Une motivation extrinsèque présente l’inconvénient de détourner la motivation du sujet à réaliser une tâche au profit d’un but à atteindre beaucoup plus saillant.

On peut succintement résumer le problème posé par la motivation extrinsèque en révélant que certaines personnes, si elles ont le pouvoir de susciter l’engagement d’un individu dans une tâche, elles reviennent à effectuer une substitution de but, ce qui contribue, malgré la poursuite de l’activité par le sujet, à réduire son investissement dans la tâche initialement proposée.

Les modalités pédagogiques, en tant que situation d’enseignement, ne sont que des modulations qui permettent de mettre en jeu la motivation de l’individu par l’intermédiaire de renforçateur externe. Il y a une contradiction entre le système scolaire et le système sportif compétitif qui réfère l’investissement du sujet à des modalités de gestion de renforçateurs externes et l’expression d’une motivation intrinsèque chez le sujet ;

Ainsi :

Quelles sont les conséquences pédagogiques de ces théories ?

 

Définition Habiletés en fonction de la performance

Définition Habiletés en Fonction des Compétences et Maîtrise

Contenus d’enseignement

Type de Motivation

Motivation d’accomplissement et buts motivationnels de compétition

Les buts motivationnels de Maîtrise

Motivations Intrinsèques

Explication Théorique

L’accomplissement rend compte de la manière dont l’individu s’engage dans une performance en fonction des réussites et des échecs. La réussite renforce le sentiment de compétence dès lors qu’il y a un standard compétitif utilisé

La motivation du sujet est déterminée par la perception des progrès personnels. La compétence du sujet doit être appréciée en fonction de la gestion de ses capacités

Le sujet apparaît plus engagé dans une activité s’il perçoit des raison intrinsèques de la faire. Plaisir, comportement librement motivé, Réponse à des intérêts

Conséquences Pédagogiques

Proposer des situations d’évaluation de la performance qui tiennent compte de l’engagement motivationnel du sujet et qui mettent entre parenthèses les qualités physiques.

Proposer des systèmes d’évaluation qui évalue le progrès personnel

Tenter une analyse des activités enseignées en terme de conduites propres à l’élève.
Répondre à la question :

Quel intérêt l’élève a-t-il à faire ce que je lui demande ?

Illustration

En sport CO, le résultat du match avec des équipes hétérogènes mais homogènes dans l’opposition.

En course, faire courir des élèves de même vitesse en haies. Note selon l’écart entre le 60 plat et 60 haies.

En athlétisme, différence entre performance de début et de fin de cycle.

En sport CO, rapport entre balles perdues/balles reçues au début et fin de cycle.

Texte de R.Delhemme sur les conventions de l’athlétisme

Les climats motivationnels

Quelles sont les situations de pratique qui vont s’appuyer sur les motivations ?

Les climats motivtaionnels correspondent à des atmosphères pédagogiques qui seront déterminées par la structuration contenus mais aussi et surtout seront déterminées les attitudes et les comportements des enseignants (entraîneurs) envers les éléments.

Le modèle TARGET

Catégories

Climat Motivationnel de Compétition

Climat Motivationnel de Maîtrise

Tâches

Pédagogie traditionnelle

Pédagogie contractuelle

Autorité

Discipline stricte

Responsabilité, autonomie, les règles peuvent être modifiées

Décision conjointe de l’enseignant et des enseignés

Reconnaissance

Présence de classement, de punition, de sanctions, de récompenses et de médailles

Pas de punition, ni de récompense, ni de classement

Forme de groupement

Travail collectif

Travail individualisé dans des groupes hétérogènes

Pédagogie différenciée

Evaluation

Collective, publique, normative dans le cours des apprentissages

Individualisé, privé, formative dans le cours des apprentissages

Temps

Modalités de guidage de la pratique rigide

Modalités de guidage souple aidant l’apprenant dans la planification de son activité

Classification des éléments motivationnels

Cadre institutionnel de pratique (CIP) et climat motivationnel( inspiré sur le Epstein, 1989)

 

Modèle TARGET

Climat

De pratique

Tâche (nature du but ou consigne)

Autorité (investissement dans la pratique)

Reconnaissance

Groupe (niveau)

Evaluation

(critère modalité)

Temps

Maîtrise

EPS

Mêmes Informations

Obligatoire

Progrès individuel banalisé

hétérogène

Privée, individuelle et/ou collective, formative

1 cycle par 7 séances de 2h

Médiateur

UNSS

Volontaire

Progrès collectif valorisé

+ ou – homogène

Privée ou publique, collective, formative, normative

De 0 à 1 entraînement par semaine + match

Compétition

CLUBS

Volontaire

Progrès collectif valorisé

homogène

Pratique, collective, normative

De 1 à 3 entraînements par semaine + match