L’adolescence

 

  1. Des changements

Difficulté d’une définition

Du latin adolecere à Grandir vers.

Définir l’adolescence n’est pas simple ; Peut-on déterminer le moment auquel elle débute, et celui auquel elle termine ? C’’est le passage entre l’enfance et l’état adulte. Mais qu’est-ce que l’état adulte ?

Cette période peut être courte ou très longue. Dans notre société, l’adolescence renvoie à des modifications que doivent affronter tous les adolescents, dans différents domaines (corporel, intellectuel, social…) qui doivent être intégrer dans leur personnalité.

 

Difficulté d’une définition

Transformations physiques

Passage obligé avec une très forte variabilité interindividuelle (âge et durée). Les transformations physiologiques sont les modifications hormonales. Les modifications des sécrétions hormonales se produisent en chaîne à partir de l’hypophyse. Les chercheurs ont pu souligner l’importance de l’hypothalamus. Ce dernier est impliqué dans le déclenchement des modifications des sécrétions hormonales. Il est fortement impliqué dans les processus émotionnels. Il n’est pas exclu que les stimulations sociales et affectives de la vie quotidienne puissent avoir un effet excitateur.

Les implications psychologiques : L’image corporelle

Ces modifications, qu’elles soient précoces, " normales ", ou tardives, modifient l’image corporelle de l’adolescent(e) et peuvent avoir des répercutions sociales. La poussée de croissance débute vers 11/12 ans chez les filles, deux ans plus tard chez les garçons. Le corps se modifie de manière disharmonieuse.

Les dysmorphophobies

Elles correspondent à la peur d’avoir un développement disharmonieux avec des points de fixations sur certaines parties du corps. Ces disharmonies sont passagères, mais elles sont perçues comme définitives. Ces perceptions déformées de l’apparence physique sont aggravées par la pression sociale qui s’exerce par le biais de stéréotypes. Il n’est pas rare que cette dévalorisation de l’image physique de soi se diffuse à d’autres domaines et altère l’estime de soi de l’individu.

Puberté précoce ou tardive

Pour une puberté précoce, le changement physique n’implique pas en même temps, un changement intellectuel et affectif. Il y a des décalages, des différences intra individuels. A l’inverse, une puberté tardive peut entraîner des difficultés psychologiques, avec un sentiment d’infériorité physique, qui peut entraîner le rejet social.

 

Un corps pour la vie

Le corps qui se dessine est celui dans lequel il vivra son âge adulte. L’adaptation à son corps est rarement facile.

 

L’identité sexuelle

L’identité sexuelle est une construction et se joue autour de certains nombres d’étapes. Il faut distinguer les différentes façons d’envisager le sexe :

Mais il y a aussi le sexe vécu, qui est l’identité sexuée dans laquelle se reconnaît l’individu.

Pour construire son identité sexuelle, il faut :

 

Perturbations du comportement alimentaire

Les perturbations du comportement alimentaire (du versant anorexique) se définissent par un comportement qui dénote un mal être. L’anorexie est un refus alimentaire ou un caprice alimentaire excessif, alors que la nourriture est appropriée, qu’il n’y a pas de maladies organiques et que l’entourage est adéquat. Ces perturbations relèvent d’un caractère pathologique que si elles persistent. Il existe 4 formes d’anorexies :

Anorexie du nouveau né

Ce sont des enfants de très faible poids. Ils se caractérisent par une attitude de passivité à l’égard de la nourriture. Ils ne déglutissent pas.

Anorexie de la petite enfance

Elle apparaît entre le 6ème et le 8ème mois, souvent avec le changement du régime alimentaire. Le comportement du bébé peut être passif ou actif :

Anorexie de la seconde enfance

Ce type d’anorexie est réactionnel aux attitudes des parents.

Anorexie mentale

Ce trouble est caractérisé par une perte de poids intentionnelle. Il est observé en majorité chez les adolescentes, mais s’observe aussi chez les garçons. Le diagnostique repose sur une masse pondérale inférieure à 15% à la moyenne. Cette perte est due à un régime alimentaire auquel sont associés des laxatifs, des durétiques, des coupes faim. On observe des vomissements. Chez les filles, on constate une aménorrhée (absence de règles). Le sujet a une perturbation de l’image de son corps. Il a peur de grossir. Il se trouve trop gros.

A l’inverse, on a la boulimie : troubles psychologiques caractérisés par l’absorption de grandes quantités de nourritures, évoluant par crises. Ce sont des sujets qui ont une grande soif de relations.

 

 

Les théories de l’adolescence

Une définition

On peut considérer que l’adolescence est une sorte de stade intermédiaire, où la personne n’est ni un enfant, ni un adulte ; elle n’a pas encore de responsabilités sociales. Mais elle peut explorer, exercer et expérimenter des rôles. C’est un temps d’arrêt, un délai que la société permet, afin qu’elle puisse chercher une identité.

L’adolescence dans l’histoire

La puberté existe depuis aussi longtemps que l’homme existe. Ce qui change c’est l’idée que l’homme se fait de ce phénomène.

Conception de l’adolescence chez les Grecques

PLATON (-427à -347) : " Les habitudes prises pendant l’enfance, les règles de conduite proposées à l’enfant par l’environnement, influencent son évolution future. Le processus de développement de l’enfance à l’âge adulte consiste en une maturation graduelle. "

Il retient 3 étapes :

La raison et l’intelligence étaient, selon lui, innées.

ARISTOTE (-384à -322) : Pour lui, le développement de la personne se divise en 3 périodes de 7 ans :

De 15 à 21 ans : La jeunesse (c'est-à-dire la capacité de choisir)

Pour lui aussi, les règles de conduites proposées à l’enfant par l’environnement influencent son évolution future.

Au moyen âge

Au moyen âge, l’homme était considéré comme une créature de dieu. Il n’y a pas de différences entre l’enfant et l’adulte. L’enfant est un adulte en miniature.

De la renaissance à nos jours

COMENIUS (1592à 1670) : " L’organisation scolaire doit être basée sur le développement de l’enfant ".

Il définit 4 stades :

LOCKE JOHN (1632à 1704) : Pour lui, l’expérience est la source de nos connaissances. Aussi l’esprit du nouveau né est comme une page blanche. Les hommes étant égaux à la naissance, ils atteindrons des degrés de perfections variables selon l’environnement dans lequel ils auront évolué.

JEAN-JACQUES ROUSSEAU (1712à 1778) : Pour lui, à la naissance tous les hommes sont bons. C’est la société qui nous rend mauvais. La raison est l’essence de l’homme.

Il propose 4 stades de développement :

Théorie de STANLEY HALL (1844à 1924)

Selon HALL, le plan de développement de l’espèce humaine est inscrit dans la structure génétique de chaque individu. Chaque personne récapitule les stades par lesquels l’humanité est passée. Par exemple, pour lui, l’enfant est comme un animal. L’enfance correspond à la chasse et à la pêche. Chaque développement correspond donc à la récapitulation de l’espèce humaine. C’est ce qu’on appelle la théorie biogénétique de la récapitulation. L’adolescence a pour équivalence l’arrivé de la civilisation.

La perspective de GESELL (1880à 1961)

L’adolescence est un processus de maturation. GESELL décrit une structure génétique commune servant de référence. Il a une conceptualisation intéressante de l’interaction entre l’adolescent et ses parents.

ERIKSON, la crise d’identité

Pour ERIKSON, l’adolescence est une période de recherche, d’introspection, et d’exploration. Etablir une identité personnelle implique l’établissement d’un bilan personnel. L’environnement est également important. Enfin établir une personnalité, c’est la confronter aux autres, la tester.

L’anthropologie culturelle et l’adolescence

L’anthropologie culturelle se fonde par la remise en question de l’universalité des mécanismes de l’adolescence. MARGARET MEAD (1901à 1978) montre que dans certaines cultures il n’y a pas d’adolescence, c’est à dire de rites de passage. C’est la culture qui crée les stades. Dans certaines culture, l’évolution est graduelle, autrement dit, sans stades. C’est une période associée à des changements majeurs sur 3 plans psychosociaux :

L’adolescence est un phénomène d’abord social.

 

Théories des rôles sociaux : Approche sociologique de l’adolescence

L’adolescence est la période où les rôles se dessinent. Culture, classe sociale, familles, enseignants (…) influencent et conditionnent le vécu de l’adolescent.

Théorie focale de COLEMAN

COLEMAN explique pourquoi la majorité des jeunes passent sans heurts à travers les nombreux changements de l’adolescence (par exemple, les relations avec les parents, les copains ou encore l’autre sexe). Pour lui, s’il n’y a pas de difficultés c’est que l’adolescent règle un problème à la fois, en établissant le processus de changement.

 

 

  1. Le développement cognitif

Le développement de l’intelligence à l’adolescence

Activités mentales et expériences de vie

L’ensemble de l’activité mentale connaît une reconstruction importante. De nouveaux outils de pensée se développent. Des notions comme l’accélération, les corrélations, les probabilités étaient des notions inaccessibles avant l’adolescence, parce qu’elles étaient trop complexes ou qu’elles utilisaient trop de variables.

Sur le plan social, ce que les autres pensent de lui, de son image, la justice sociale, deviennent des objets de préoccupation et de réflexion intense. L’adolescent découvre la complexité des relations interpersonnelles. Il développe des théories sur le comportement des autres, qui évoluent au court du temps, au fur et à mesure qu’il apprend à se connaître lui-même.

L’activité mentale connaît des modifications profondes. L’adolescent peur réfléchir sur des concepts, en considérant plusieurs facteurs à la fois. Il devient capable d’élaborer des projets, de s’imaginer un futur, et il peut faire des analyses et des déductions. L’ensemble de l’expérience du vécu modifie l’appareil mental, en lui ajoutant des dimensions nouvelles.

Le développement cognitif de l’intelligence selon PIAGET

Adaptation

C’est l’équilibre entre l’assimilation et l’accommodation. Elle est le résultat d’assimilations d’éléments, en fonction de structures préexistantes dans l’organisme, et de l’accommodation des structures aux éléments et aux situations nouvelles.

Assimilation

C’est le mécanisme par lequel l’organisme incorpore les éléments extérieurs, en fonction de ses structures propres.

Accommodation

C’est le mécanisme par lequel l’organisme modifie ses structures, afin de s’adapter à une réalité ou à une expérience nouvelle

Système cognitif et construction de la personnalité sont fortement liés.

PIAGET développe 4 stades :

La pensée formelle

La pensée formelle est hypothético-déductive. Elle est indépendante du contenu. Elle implique la capacité de passer du réel au possible. Elle permet de résoudre des problèmes multidimensionnels. Elle est combinatoire parce qu’elle permet d’accéder à tous les cas possibles d’une situation.

La structure de la pensée formelle

La période formelle repose sur 2 structures :

Le groupe INRC

Identité

Négation

Réciprocité

Corrélativité

Le terme d’identité concerne une opération initiale donnée.

La négation correspond à la simple inversion de la première opération.

La réciprocité correspond à annuler l’effet de l’opération première (l’identité), en modifiant une autre variable du système.

La corrélativité correspond à l’inverse de la réciproque.

Le groupe INRC souligne que les effets d’une opération peuvent être contrebalancés par les effets d’une autre opération.

Le système combinatoire

Une seconde structure sert de pilier au raisonnement formel. C’est le système combinatoire. Le système combinatoire permet d’envisager tous les cas possibles.

Ces deux systèmes sont des piliers au raisonnement formel ; mais il y a des différences interindividuelles.

Activité mentale et différences interindividuelles

Les différences interindividuelles dans le rendement intellectuel

La psychométrie

La psychométrie s’intéresse au développement d’instruments objectifs d’évaluation de l’intelligence : Les tests standardisés. Ces tests sont conçus pour fournir l’image la plus fidèle possible du rendement intellectuel d’un individu (QI).

L’intelligence est considérée comme une aptitude ou un trait personnel, distinctif de chaque individu. Leur idée au départ était de connaître le profil d’aptitudes de l’enfant, pour pouvoir lui offrir un programme éducatif adapté à l’enfant.

La notion d’intelligence en psychométrie

L’intelligence correspond à un ensemble de dimensions et d’habilités qui se combinent de façon unique pour tous les individus (langage, orientation spatiale, mathématiques…). A l’adolescence, on note une augmentation du développement de certaines habilités. On peut noter une meilleure capacité à mémoriser les contenus, une meilleure aptitude à rechercher une information pertinente au problème. L’adolescent développe des habilités à élaborer des concepts utiles à englober la réalité. Il devient également capable de se représenter mentalement l’espace physique et d’opérer des transformations sur ces représentations. C’est la capacité générale de résoudre des problèmes.

Quelles sont les causes de ces variations ?

NICHOLS s’est aperçu que les jumeaux monozygotes avaient des capacités intellectuelles similaires, contrairement aux faux jumeaux. Et ce durant toute leur vie.

La richesse du milieu, des stimulations, permet l’enrichissement intellectuel. L’environnement, c’est aussi l’alimentation.

Origine des intérêts psychométriques

Les tests sont utilisés à des fins de prédiction, d’orientation. Cela pose le problème de l’étiquetage des individus. Une nouvelle approche a été développée par FEUERSTEIN : L’évaluation dynamique. Cette dernière propose au sujet des situations où il peut apprendre. L’objectif est alors d’évaluer la plasticité* plutôt que l’acquis.

*C’est la capacité d’apprendre et d’établir des relations, jusqu’à présent, inconnues.

Le style cognitif

A QI égal, deux personnes peuvent afficher un style cognitif fort différent (approche des problèmes, choix de stratégie…). La notion de style cognitif se situe à la limite des domaines de la cognition et de la personnalité.

 

Conclusion

Chaque adolescent est unique dans son fonctionnement cognitif. Le développement cognitif interagit avec le développement de la personnalité. Etudier le développement cognitif sans parler de la personnalité est impossible. Parler de développement et motricité c’est aussi bien parler du développement intellectuel et affectif, car ces trois domaines interagissent ensemble.